En faisant quelques petites recherches et en glanant des infos ici ou là je suis tombée sur un article rédigé par B. Cyrulnik lors d'une conférence donnée à Marmottan (centre parisien, spécialisé en addictions).
extrait:
Et on sait que sur une population standard, quelle que soit la culture avant la mise en place de la parole tous nos enfants manifestent déjà des petits styles préférentiels, des petites manières de s’attacher, qui révèlent un peu comment plus tard lorsqu’il parleront ils établiront leurs liens et 65 %, [là je cite Mary Ainsworth , beaucoup d’autres éthologues ont refait ces manipulations avec bien sûr des désaccords mais schématiquement c’est la même chose], c’est que 65 % de tous nos enfants, quelle que soit la culture, manifestent un attachement sécure. Je crois qu’il faut faire un anglicisme parce que attachement sécurisant n’est pas la bonne traduction de « sécure ». Attachement sécurisant, on sait très bien que les enfants élevés en carence affective sont terrorisés par l’attachement dont ils ont un besoin majeur…
Quand on va avec des ONG travailler avec des enfants abandonnés, ils surinvestissent tellement l’attachement que ça les angoisse et que ce qui les sécurise c’est l’auto-agression ; ils se mordent, ils se tapent la tête par terre, ça ils connaissent, ça c’est familier, ils vont mieux dès qu’ils se mutilent.
En fait ils sont difficiles à aimer parce que pour eux l’attachement c’est quelque chose de terrorisant ; donc si on se précipite sur eux pour les embrasser comme on fait, pour les toiletter comme on doit le faire on les angoisse terriblement et s’ils ne s’auto-agressent pas on voit ces enfants se laisser couler volontairement dans la baignoire parce que pour eux c’est un lien qu’ils désirent tellement que le désir provoque l’angoisse à cause de l’intensité émotionnelle qu’ils n’ont pas appris à maîtriser avant puisque leur situation familiale et surtout leur situation socio-culturelle les a isolés. Isolement affectif, isolement culturel, isolement sensoriel.
Cet isolement là ne leur a pas permis d’apprendre à aimer et quand nous, Occidentaux bien intentionnés, arrivons sur ces enfants, nous jetons sur ces enfants en les aimant, nous les angoissons mais si on ne se jette pas sur eux on les abandonne.
Il y a un fil du rasoir à jouer.
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